Gino Blandin
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James Combier (1842-1917)
James Combier est né le 09 avril 1842 à Saumur. Son père dirige la distillerie qu’il a fondée (et qui existe toujours aujourd’hui). James quitte l’école à quinze ans pour se former sur le tas. Il voyage dans toute l’Europe et, à cette occasion, il rencontre à Paris les milieux d’opposition à Napoléon III. C’est en fréquentant le Quartier Latin qu’il fait la connaissance de Gambetta, son mentor en politique.
A 22 ans, James Combier devient franc-maçon. Il intègre la loge saumuroise La Persévérance. La Franc-maçonnerie est alors le seul organisme de taille à s’opposer à l’Eglise catholique, cette dernière s’efforçant, depuis la signature du Concordat, légalement ou non de retrouver ses prérogatives d’avant la Révolution. A Saumur, la Persévérance ouvre une boulangerie mutualiste dont Combier est le gérant. Elle crée également un cours pour adultes. Mais le champ où la loge va porter son attaque est celui des enterrements civils. Le scandale qu’ils suscitent est immense mais l’élan est populaire : six cent personnes assistent aux obsèques civiles de Charles Delaunay, un conseiller municipal et ami de Combier, le 15 mai 1869.
James Combier entre dans la vie politique saumuroise cette même année, à la faveur des élections législatives qui ont entraîné la démission du maire Charles Louvet. Il entre au conseil municipal et va, pendant dix ans, ronger son frein dans des équipes de républicains modérés. A cette époque, c’est le préfet qui désigne le maire. Il faut attendre la démission de Mac-Mahon pour que les Républicains s’affirment et prennent enfin les rênes du pays. C’est le préfet Demangeat, un républicain, qui nomme James Combier maire de Saumur en 1879.
Aussitôt, Combier fait interdire les processions religieuses dans la ville, appliquant par-là l’article organique n° 45 du Concordat. Cet événement a un retentissement immense dans tout l’Ouest de la France. A partir de là, Combier, fidèle à sa conception de la laïcité et du service public va intervenir dans tous les domaines où l’Eglise s’était indûment installée. Il fait décrocher les crucifix dans les classes des écoles publiques. Il remplace les religieuses par des institutrices laïques dans les écoles communales. En l’espace de trois ans, il réussit à laïciser totalement l’enseignement public féminin. Il fait construire une nouvelle école de filles, rue Cendrière. Il fait expulser les pères de Chavagnes qui s’étaient installés dans le quartier de Fenêt sans autorisation et qui entendaient faire revivre le pèlerinage des Ardilliers. Il s’efforce de laïciser le personnel de l’Hôpital mais rencontre là l’opposition du chirurgien chef de l’établissement. Il confie la gestion du Bureau de Bienfaisance à des laïcs. Son action ne se limite pas à l’application de mesures anticléricales, il s’attache à conférer à la fête nationale du 14 juillet un grand prestige. Il préside également à la fondation du collège de jeunes filles.
James Combien bénéficie alors d’un solide soutien populaire. Aux élections municipales de 1881, sa liste emporte tous les sièges. L’année suivante, le mode de désignation des maires ayant changé, il devient le premier maire élu de Saumur. Par contre, si les électeurs le soutiennent dans sa ville, il n’en est pas de même dans le reste du canton. James Combier fait peur aux ruraux et ne parviendra jamais à se faire élire député.
Déçu sans doute, il démissionne une première fois en 1885 mais redevient maire l’année suivante. Il se fourvoie – il le reconnaîtra plus tard – dans l’épisode du général Boulanger. Il fait un don de 20 000 francs à la Ligue des Patriotes qui soutient le général, ce qui lui vaut le début de ses ennuis familiaux. Ses associés, et en particulier son beau-frère Jules Cazal, l’accusent de ponctionner la trésorerie de la distillerie. En 1892, James Combier préside son dernier conseil municipal et se retire sans démissionner. Le 26 décembre de la même année, le docteur Peton est élu maire de Saumur. James Combier se retire alors à Paris.
On connaît peu de choses sur la fin de sa vie. Il démissionne de la loge la Persévérance en 1902. Deux ans plus tard, un conseil de famille l’écarte de la gestion de la distillerie. Il termine son existence à Paris, au n° 33 boulevard Malesherbes, le 14 mai 1917, oublié de tous. Ses filles, qui ont complètement renié l’action de leur père, pour racheter ses torts, entre autres, lui font donner des obsèques religieuses à l’église de la Madeleine. Ce sont elles également qui feront poser une croix sur le caveau familial dans le cimetière de Saumur.
Ainsi vécut cet homme remarquable qui avait eu le courage d’affirmer haut et fort ses convictions de libre-penseur.
Ceci est un résumé d'un article plus complet paru dans le bulletin n° 165 de la Société des Lettres, Sciences & Arts du Saumurois
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